vendredi 3 novembre 2017

Une volonté, mais pas encore d'euros

La ministre veut avancer le programme Scorpion et le Phénix. Les deux rares surprises de la
discussion budgétaire d'hier en commission élargie, la première pour Florence Parly, qui était très attendue sur cet exercice, auquel on la disait rompue.
De fait, sur ces deux points, la ministre a surtout répondu aux appel du pied de ses chef d'état major de l'armée de l'air et de terre. En commission, le CEMAA avait insisté insisté sur l'âge canonique des tankers actuels d'après Jean-Charles Larsonneur, rapporteur de l'éxécution de la LPM, et aurait donc trouvé une oreille attentive rue Saint Dominique sur ce point, mais pas forcément sur les Mirage 2000D (sabrés dans le budget 2017, comme d'ailleurs d'autres programmes Air pourtant prioritaires : ALSA2R, ROEM/Reaper, etc). Il y a la logique opérationnelle d'avoir enfin des tankers modernes (qui pourront aussi projeter des militaires là où on en a besoin, cf la récente crise Irma), mais aussi un investissement dans du travail -partiellement- fait en France. Les A330 sortent en effet de Toulouse, avant de devenir des MRTT, en... Espagne.
Pour ce qui est d'avancer du Scorpion, la logique est connue, et deux députés LREM, Thomas Gassilloud, rapporteur terre, et Jean-Charles Larsonneur ont été sensibles aux arguments du CEMAT, qu'ils ont fait leurs. "Un VAB intégrable revient à 1,4 MEUR contre 1,5 MEUR pour un Griffon" souligne l'élu brestois, qui constate donc que "le coût de régénération du VAB et le coût d'acquisition du Griffon sont similaires". Même si, et RTD pourra méditer le sujet, ils ne profitent pas aux mêmes. Avantage du Griffon ou d'un Jaguar, par rapport à un A330, la part de valeur injectée en France est plus importante (proche de 100%) que sur un Airbus (produit en coopération). En attendant, évidemment, une étude précise des retombées en termes d'euros et d'heures travaillées. Nexter avait déjà annoncé 200 embauches dans les deux ans à Roanne, une embellie pourrait donc accélérer ce premier pas pour un territoire difficile pour l'emploi. Et plus vite le Griffon sera visible, plus il sera facile à exporter.
La prochaine étape consistera donc à trouver l'argent. Car d'autres élus, s'ils apprécient "l'intention", s'interrogent sur la "volonté" de la ministre et le contingent d'euros dont elle disposera in fine, constatant que le dégel annoncé pour octobre n'a pas eu lieu. Le député LR François Cornut Gentille, rapporteur défense de la commission de défense, qui jouit d'une expérience certaine des effets d'annonces non suivie d'effets, reste particulièrement sceptique.

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