lundi 23 septembre 2013

Marius dans le texte (suite)

Entretien avec l'ancien commando marine, qui dédicace aujourd'hui à Paris son premier livre, édité chez
Nimrod.

Comment en es-tu arrivé à écrire ce livre ?
Au départ, c'est une thérapie personnelle, pour évacuer. J'ai toujours écrit, sans le dire. Puis j'ai eu envie de vider mon sac. Dans un deuxième temps, j'ai demandé à mes proches ce qu'ils en pensaient. Il y avait certaines parties de mon histoire qu'ils ne connaissaient pas. Ensuite, j'ai été exposé avec le documentaire puis le film. Et je me suis demandé, pourquoi ne pas mettre ces écrits sur la place publique ? C'était l'occasion de valoriser l'Institution, mes camarades commandos marine. Dans mon ancien métier, on reste dans l'ombre…
C'est pour cela que la part consacrée à l'engagement opérationnel reste minime dans le livre ?
Je voulais rester relativement discret. En toute humilité, je suis un peu dans la lumière, et la lumière attire les papillons. Ce livre est donc un hommage à ceux qui ne sont plus là, ou des opérationnels pour qui il est difficile d'apparaître. En évoquant les évacuations de ressortissants, j'ai voulu casser les clichés franchouillards. Les commandos sont appelés à faire des extractions de ressortissants. Protéger ces femmes et ces enfants, c'est aussi notre rôle, et je voulais montrer ce côté humanitaire, sans entrer dans le détail des procédures.
Quel type de réactions a généré le livre ? 
Certains se retrouvent. Mais avant tout, il fallait que je travaille en confiance avec l'éditeur, François de Saint-Exupery. C'est quelqu'un d'honnête, d'intègre, et de patient. A quelques jours de la date prévue pour la sortie, je lui ai dit un soir que je ne voulais plus que le livre sorte. Il m'a dit que ce n'était pas grave, et que je pouvais prendre tout le temps dont j'aurais besoin. Ainsi, je voulais aussi tester l'éditeur. J'ai trouvé sa réaction très noble. Pour revenir aux réactions, j’ai écrit le livre de façon pagnolesque, et beaucoup de mes camarades se sont retrouvés dans cette respiration collective des commandos marine. Certains m’ont dit qu’en lisant le livre, ils ont éclaté de rire, ou pleuré.
On ne peut pas être serein en opérations sans une famille solide, sans une épouse solide… 
Oui, je suis marié depuis 27 ans. Je suis toujours parti en mission l’esprit libéré. Elle ne m’a jamais empêché de vivre ma passion, même si elle connaissait les risques à l’entraînement, en opérations.
Quoi faire pour réussir à intégrer les commandos ?
La question revient souvent. Pour moi, cela aura été un concours de circonstances, je remercie ce policier qui m’a dit de m’engager, grâce à lui j’ai pu m’en sortir. Mais je ne me permets pas d’être à la place des candidats, seuls eux peuvent choisir leur destin. Il faut de la volonté et de la détermination. Mais il faut savoir « Etre et Durer », ce n’est pas facile.
La tradition compte beaucoup pour les commandos marine, ce livre est-il aussi un hommage à tes anciens ? 
 Oui, Léon Gautier est un ami personnel. Notre force, chez les commandos est ce respect des anciens, des 177 de Kieffer. Il y a chez nous un esprit de cohésion, ce maillon qui nous permet d’exister. L’esprit rustique de l’époque, le façon de s’entraîner n’ont pas changé depuis la seconde guerre mondiale. On parle de COS aujourd’hui, à l’époque on parlait d’opérations combinées. Mais rien n’a changé.
La marche commando vient de la distance entre la gare de Spean Bridge et le camp d’Achnacarry…
Exactement, et le poids du havresac n’a pas changé non plus !
Un mot pour résumer ta carrière chez les commandos ?
Plaisir et bonheur.
Et si c’était à refaire ?
Je commence demain, qu’on me rende mes 19 ans (rires) !