dimanche 7 octobre 2012

"A fucking good job"

Hessanulah était un des 10 insurgés les plus recherchés en Afghanistan. Ce sont des éléments du BG Richelieu qui l'ont arrêté, en vallée de Bedrarou, pendant l'opération Storm Lightning, du 29 janvier au 4 février 2011. Le livre du sergent Yohann Douady (1) revèle par le menu comment les sections furent engagées, sous l'appui des hélicoptères de la TF Mousquetaire et des hommes du génie, et en présence d'éléments du GIGN.
L'ouvrage livre aussi un détail qui accentua encore la chute du chef, qui n'était pas circoncis, comme le veut la tradition locale. La neutralisation déstabilisa l'action insurgée en Kapisa, à une époque où l'armée française avait observé une longue trêve, suite à la capture de deux journalistes. L'opération fut en tout cas décrite comme un "fucking good job" par le propre patron du RC-East, qui n'était pas jusqu'alors totalement ravi de l'interruption opérationnelle de sa brigade française.
C'est l'atout de ce livre, dont les opérations décrites sont réellement vécues de l'intérieur, une veine que l'éditeur, François de Saint-Exupery, cherche à développer dans sa maison d'édition, Nimrod.
Yohann Douady, avec ses tripes et sa verve, emmène le lecteur à Bouaké, là où la France perdit 9 soldats, et où lui perdit son copain, Benoît Marzais. En Afghanistan, il a perdu son binôme, le jeune 1ère classe Cyril Louaisil. Le chef adjoint de la section des tireurs d'élite raconte, bien des pages avant d'arriver en Afghanistan, par quel concours de circonstance, ce jeune marsouin passionné fut intégré aux partants. Il est à l'image des soldats décrits dans ce livre incontournable, des hommes qui se revendiquent ordinaires, animés par le culte de la mission et une rare fraternité : des marsouins.
C'est aussi, de mon point de vue, un livre juste, qui n'oublie rien ni personne : l'absence d'obus de mortier sur un poste dans la Côte d'Ivoire à feu et à sang (2), l'égoïsme et ou la négligence régnant sur certains postes, l'attitude du chef de corps au retour de RCI, ou encore, les erreurs de tirs.
Un témoignage vivant que l'armée de terre n'a pas provoqué, mais que par les temps d'interrogations qui courent, elle devrait valoriser.

(1) D'une guerre à l'autre, de la côte d'Ivoire à l'Afghanistan avec le 2e RIMa, Préface du colonel Héluin, Editions Nimrod, 400 pages, 21 euros.
(2) Yohann Douady raconte cependant qu'une fois que le COMFOR fut mis au courant, les obus arrivèrent dans la foulée.