samedi 1 octobre 2011

La France n'a (même) plus 300 chasseurs

Un Mirage 2000D à Kandahar (crédit : Jean-Marc Tanguy).

L'engagement actuel des chasseurs français est à remettre dans le contexte : la flotte cumulée de l'armée de l'air et de la marine est tombée dramatiquement bas, comme l'atteste un document du ministère de la défense (1). Si l'on en croit ce document, qui par bien des aspects est extrêmement optimiste, l'armée de l'air alignerait 234 chasseurs, du Mirage F1CT au Rafale, tandis que la marine, elle, en aurait 57. Ou plutôt 47, car comme on l'a rappelé ici à maint reprises, on ne peut pas comptabiliser un avion qui n'est pas en état de voler sans ses réacteurs et une avionique (2).
Pas besoin d'être un grand expert du MCO -les chiffres de disponibilité sont disponibles dans les rapports parlementaires...- pour mesurer à peu près le nombre d'avions qui sont prêts à partir au claquement de doigt. Rappelons que parmi les avions qui ont largué des munitions, le 19 mars, figuraient des chasseurs de la flotte des expérimentions (CEAM), cela donne la mesure du problème.
Bref, on est très en deça des besoins fixés par le LBDSN (300 avions de combat air et marine). Sans compter qu'une partie de ces avions comptabilisés comme avions de combat sont utilisés pour des expérimentations (CEPA) ou des formations de personnel. Les 234 chasseurs théoriques de l'armée de l'air sont, de plus, une flotte comprenant des Mirage 2000NK2 et des F1CT qui seront retirés du service dans quelques semaines et mois. Sans compter des Mirage 2000C plus tout jeunes (3).
On comprend mieux quelques évènements récents. Que les Mirage F1CT/CR tout juste arrivés à Mont-de-Marsan aient dû prendre leur tour de permanence opérationnelle, ce qui n'était pas prévu avant plusieurs mois. De la même manière, l'arrivée des Mirage 2000-5 était bien lié par la déflation sur la flotte des Mirage 2000C.
Bref, on comprend mieux, dans ce contexte, pourquoi les aviateurs, pilotes ou non, ont beaucoup de mal à comprendre l'absence de restitution de leurs efforts actuels pour tenir leurs contrats opérationnels (qui restent, malgré tout, tenus) en matière de protection du ciel, d'appui aux forces terrestres et au respect du droit international en Libye.
Et de leur engagement sur les fronts : au 25 août, 44 chasseurs (18% de la flotte, mais de huit types différents) étaient déployés en opérations (4), 28 hélicoptères (35% de la flotte, de cinq types différents) et 19 ATT/ATS (26,8% sur trois types). Quant aux drones, c'était tout simplement 100% de la flotte (sur deux fronts), le 4e Harfang étant, depuis longtemps devenu un réservoir de pièces pour les trois autres.


(1) ne réveillez pas les chaussures à clous, tout ceci est visible sur internet...
(2) ces avions seront rétrofités et livrés entre 2014 et 2016.
(3) rappelons que sans le rétrofit des Mirage 2000D, cette flotte ne sera bientôt plus bonne à rien. Et en tout cas, ne pourra pas être comptabilisée dans la flotte de référence du LBDSN, qui évoquait en 2015 300 chasseurs de type Rafale (Rafale et Mirage 2000 modernisés).
(4) rappelons que le contrat du LBDSN portait sur 70 appareils en opérations.