dimanche 20 mars 2011

Propagande libyenne vs communication à l'occidentale

On le voit bien, sans vrais moyens militaires à opposer à la coalition occidentale, le régime du colonel Kadhafi dégaîne un outil vieux comme le monde : la propagande. Après l'avion français virtuellement abattu hier -tous nos aéronefs sont, en fait, rentrés sains et saufs- par la DCA de Tripoli, l'EMA COM libyen a évoqué ce matin la mort des civils, enfants, femmes et religieux, sensés, vraisemblablement, faire lever les foules arabes contre les vilains occidentaux.
Saddam Hussein, en 1990, puis Slobodan Milosevic, en 1999, avaient tenté de gagner la guerre de communication contre les occidentaux, pendant la guerre du Kosovo, en prenant de grandes libertés avec la réalité. Le général Jean Rannou, ancien CEMAA, rappelait à l'instant sur BFM TV qu'à l'époque, la Serbie avait aligné des cadavres pour faire accroire d'importants dommages collatéraux, sur un objectif qui n'avait pas, en fait, été frappé. D'importants moyens de brouillages des médias serbes avaient été mis en oeuvre, notamment avec des Hercules spéciaux, les Commando Solo, outil déjà utilisé dans le Golfe.
Dans cette guerre d'images, le ministère de la défense français tente d'alimenter les médias, pour contrer les images gouvernementales libyennes (1). Mais le débit reste faible, et ce matin, dans une chaîne d'informations continue, on déplorait le manque d'images de l'engagement opérationnel français. De fait, les mêmes images tournent en boucle, depuis hier. Dès hier, le ministère de la défense promettait pourtant une forme de transparence, avec la tenue d'un point presse quotidien, et la possibilité pour les journalistes d'approcher les opérations au plus près.
Hier, encore, quelques rares photos, soigneusement choisies, ont également été diffusées : un artifice destiné à occuper le terrain qui ne compense pas le fait que les journalistes sont donc tenus, pour l'instant, à distance de l'outil militaire engagé par la France.
Depuis hier, il n'a pas été possible à la presse française de pouvoir suivre l'engagement du bon côté des grillages des bases aériennes françaises. A n'en pas douter, le porte-avions devrait bénéficier d'un traitement différent.

(1) et, incidemment, faire la promotion de nos produits les plus récents. Qui, pour le coup, ont été à la hauteur.